L’électrification dans le secteur du gravier et du béton

Pour atteindre 0% d’émissions de CO2 d’ici 2050, l’industrie du gravier et du béton doit s’électrifier à plus grande échelle. Tandis que l’électrification des installations de production est déjà très bien avancée, il reste encore énormément à faire du côté de l’extraction et de la logistique. De premiers projets pilotes avec des engins de chantier électriques performants sont en cours.

L’énergie électrique est utilisée dans le processus de production des installations de traitement des graviers et des centrales à béton pour de nombreux sous-processus, par exemple pour le transport de matériaux sur des convoyeurs ou pour le traitement des matériaux de construction dans les installations de préparation et de mélange. Contrairement à l’extraction et à la logistique, les installations de traitement des graviers et les centrales à béton sont déjà presque entièrement électrifiées. Le secteur suisse du gravier et du béton présente sans doute le degré d’électrification le plus élevé d’Europe. Dans les sites de production l’heure est à l’optimisation de la consommation d’électricité et à la promotion des sources d’énergie vertes. L’exploitation élevée des capacités des installations ainsi que la réduction ciblée des temps morts permettent des économies significatives.

Dans le même temps, de plus en plus d’entreprises s’orientent vers des sources d’énergie durables et à faibles émissions de carbone. Certaines entreprises du secteur couvrent une partie de leur consommation d’électricité avec de l’électricité renouvelable qu’elles produisent elles-mêmes. Des installations photovoltaïques équipent les toits de gravières à Seewen SZ, Rubigen BE, etc. Rubigen produit jusqu’à 500 000 kilowattheures par an. Les installations solaires permettent de s’approvisionner directement en énergie renouvelable et de réduire les émissions indirectes. Un membre de l’ASGB du canton de Zurich a fait preuve d’innovation en développant un module solaire pour le toit de bungalows de chantier. Ces modules permettent de couvrir les besoins en électricité de manière autonome avec de l’énergie solaire. La capacité de la batterie des modules suffit à alimenter en électricité l’équipement informatique du bungalow.

Grâce à des modules solaires innovants, ce bungalow de chantier produit son électricité.
Source: Holcim AG

L’essor des engins de chantier plus économes en énergie

L’électrification des véhicules est une technologie clé pour des engins de chantier respectueux de l’environnement. De plus en plus de constructeurs se tournent vers des moteurs alternatifs. À l’heure actuelle, les engins à moteur diesel-électrique sont beaucoup moins gourmands en carburant. La chargeuse sur pneus diesel-électrique CAT 988K XE, par exemple, est utilisé pour l’extraction du gravier. Elle consomme jusqu’à 30% de carburant en moins qu’une chargeuse sur pneus fonctionnant uniquement au diesel, pour des performances comparables. On trouve aussi des bulldozers avec moteur diesel-électrique. En revanche, les solutions électriques ou hybrides pour engin de chantier à charge utile lourde ne sont pas encore abouties ou ne sont utilisées que partiellement. À Berne, par exemple, on trouve des installations de concassage et de criblage qui fonctionnent exclusivement à l’électricité. Un essai pilote dans la carrière de Siggenthal AG, où l’on extrait du calcaire et de la marne, confirme que l’utilisation est possible : des dumpers électriques autonomes y sont testés. Ces engins automoteurs alimentés par batterie sont une révolution écologique dans la logistique. En plus d’être respectueux de l’environnement, ils sont sûrs, quasi silencieux et n’émettent pas de gaz d’échappement.

Tests de dumpers électriques autonomes dans la carrière d’une cimenterie à Siggenthal (AG)
Source: Eberhard Bau AG

Des camions électriques dans la logistique du béton

Dans la logistique du béton, les bétonnières portées 100% électriques présentent de nombreux avantages.
Kätstli Bau AG

La logistique du gravier offre une excellente occasion de réduire les émissions indirectes. Toutefois, l’autonomie limitée des solutions électriques et le temps nécessaire pour recharger la batterie posent encore problème pour la rentabilité du transport du gravier. La situation est différente pour la logistique du béton. L’utilisation de véhicules entièrement électriques y est intéressante, car les camions malaxeurs ne parcourent que de courtes distances. De nombreuses entreprises exploitent déjà des camions malaxeurs 100% électriques ainsi que des camions électriques pour les livraisons de gravier. Un camion malaxeur électrique moderne permet d’économiser environ 30 tonnes de CO2 par an. L’ASGB tire donc un bilan positif. Ces véhicules sont plus durables et nettement plus silencieux que les camions malaxeurs traditionnnels. En plus, ils n’émettent pas de gaz d’échappement, ce qui présente de nombreux avantages, notamment en milieu urbain. Autre atout majeur : les véhicules utilitaires électriques sur batterie, en plus de coûter moins cher à l’usage, sont exonérés de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP) en Suisse. Ainsi, une partie des coûts d’achat plus élevés peut être compensée sur la durée de vie. Enfin, les chauffeurs apprécient le nouveau confort de conduite.

Le boom des installations photovoltaïques : des panneaux solaires sont installés sur les toits de nombreux sites.
Kibag AG