Construction durable de routes:
la voie de l’OFROU

Agir pour le développement durable signifie prendre en compte et coordonner au mieux tous les aspects des trois dimensions interconnectées que sont l’environnement, la société et l’économie. Comment réaliser à l’avenir des projets d’infrastructure plus durables ? Telle est donc la question centrale qui se pose pour l’OFROU.
Article de Guido Biaggio, vice-directeur de l’Office fédéral des routes (OFROU)

Notre infrastructure doit répondre à de nombreuses exigences : elle doit être sûre, disponible, solide, respectueuse de l’environnement, de qualité, économique et conforme à des normes très strictes. Dans ses projets, l’OFROU analyse et vérifie rigoureusement tous ces paramètres afin de ne réaliser que des projets durables. Aujourd’hui, penser que des projets « non durables » puissent être approuvés relève de l’utopie. C’est pourquoi l’OFROU s’est fixé des exigences élevées dans ce domaine depuis de nombreuses années.

L’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale sur les marchés publics (LMP) et l’introduction du nouveau manuel sur les marchés publics de l’OFROU marquent une nouvelle étape vers « plus de durabilité ». Un nouveau critère d’adjudication, l’« analyse de durabilité », est désormais pris en compte dans les appels d’offres relatifs à des prestations de construction. Une pondération plus faible des prix au profit des critères de qualité devrait aboutir, comme le prévoit le législateur, à des adjudications plus avantageuses sur le plan économique et pas simplement à prix moins élevé.

Grand levier dans la phase d’étude du projet

Mais si nous voulons réellement promouvoir la durabilité et la considérer comme une valeur ajoutée dans nos projets, nous devons commencer bien en amont. Dans le cadre de l’étude de projet, nous avons la possibilité d’orienter les investissements pour notre réseau dès la phase stratégique, en tenant compte des développements futurs (message PRODES). Nous pouvons ainsi étudier très tôt d’autres possibilités d’utilisation des infrastructures, puis les approfondir, en concertation avec les régions concernées. Les chances qu’elles se concrétisent s’en trouvent accrues. Une tranchée couverte, par exemple, n’est pas seulement une mesure de protection contre le bruit : elle peut également accueillir un parc, comme le montre le chantier de couverture anti-bruit de Schwamendingen qui s’achèvera en 2024.

Les tranchées couvertes protègent efficacement du bruit et permettent des utilisations supplémentaires
Source: Office fédéral des routes (OFROU)

L’emploi de matériaux alternatifs (bois, acier, etc.) ainsi que la réutilisation des matériaux d’excavation et de construction, conformément à l’ordonnance sur la limitation et l’élimination des déchets (OLED), sont un autre moyen de préserver les ressources et donc de mieux protéger l’environnement. Sur le grand chantier du second tube du tunnel routier du Saint-Gothard, nous montrons qu’il est possible de réutiliser les matériaux de percement sans remplir inutilement les décharges régionales. Les matériaux d’excavation doivent être considérés comme une opportunité de créer de la valeur ajoutée, à condition d’avoir des idées innovantes. C’est également vrai pour le recyclage de l’asphalte, un autre thème central de notre quotidien. En effet, seule une économie circulaire respectueuse des ressources est porteuse d’avenir. Nous visons ici un taux de recyclage de 100% et nous participons activement à plusieurs projets de recherche qui nous permettront d’atteindre cet objectif.

Il existe aussi des possibilités d’action dans le domaine de la consommation d’énergie. Nous économisons de l’électricité en équipant les tunnels d’un éclairage LED et allons bientôt pouvoir exploiter le potentiel d’énergie solaire (100 GWh/a) disponible le long des autoroutes pour couvrir les besoins en électricité des routes nationales.

Innovations dans la protection contre le bruit et réduction des émissions de CO2

Avec des solutions innovantes telles que l’intégration d’asphalte coulé sur des tronçons à ciel ouvert, nous essayons de respecter les exigences de l’ordonnance sur la protection contre le bruit tout en prolongeant la durée d’utilisation du revêtement.

Il y a aussi moyen de réduire les émissions de CO2 dans le fonctionnement quotidien des routes nationales. L’électrification croissante du parc automobile en Suisse, mais aussi l’entretien et la construction en général, y contribuent grandement. L’électrification des transports est un objectif ambitieux de la feuille de route sur la mobilité électrique 2025 ainsi qu’une mission importante de l’OFROU. Nous sommes en train d’équiper les 100 aires de repos des routes nationales de bornes de recharge rapide. Il s’agit d’une tâche essentielle pour atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2050. Nous voulons être actifs dans ce domaine, y compris sur nos chantiers et dans le domaine de l’exploitation, et nous prévoyons d’acquérir de l’expérience à l’aide de projets pilotes, en accord avec nos partenaires contractuels, et de définir une orientation claire.

100 aires de repos sur les routes nationales s’équipent de bornes de recharge rapide.
Quelle: Office fédéral des routes (OFROU)

La durabilité n’est pas un vain mot pour l’OFROU. Au contraire : nous vivons activement la durabilité et la considérons comme une opportunité de contribuer à une société offrant une qualité de vie solide et élevée, y compris pour les générations à venir.