ÉCONOMIE CIRCULAIRE: RETOUR VERS LE FUTUR
L’économie circulaire est vue comme un modèle alternatif prometteur de récupération et réintégration des matériaux dans la productivité. Le concept promet d’allier rentabilité et durabilité et de mettre en place un modèle d’affaires pérenne. La voie de l’économie circulaire nécessite aussi bien d’instaurer de nouveaux modes de pensée que de redonner vie à des approches tombées dans l’oubli.
Article de notre invité Dr Michael Hans Gino Kraft, chargé de cours et directeur adjoint du centre de compétences, et Bernhard Oberholzer, collaborateur scientifique, OST Ostschweizer Fachhochschule St. Gallen
L’économie circulaire vise à utiliser les ressources le plus efficacement possible dans le cycle économique afin de réduire à un minimum la production de déchets non recyclables. Il est intéressant de noter que cette façon de penser et de procéder était déjà largement répandue avant la révolution industrielle (jusqu’au XVIIIe siècle). À l’époque, les quantités de déchets d’aujourd’hui étaient encore inimaginables, et le recyclage des matériaux et leur réintroduction dans les cycles naturels nuisaient peu à la nature.
DE L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE À LA LINÉARITÉ, ALLER ET RETOUR
Il existe depuis longtemps des modèles d’affaires innovants pour l’économie circulaire qui relancent cette manière originale de gérer les ressources. On peut citer par exemple les produits modulaires ou la vente de produits d’occasion sur des plateformes Internet.
Dans l’industrie de la construction aussi, diverses entreprises se sont engagées dans l’économie circulaire. Certaines ont entamé leurs processus de transformation il y a 40 ans déjà, en s’équipant p. ex. d’une installation stationnaire pour les déchets de chantier. Aujourd’hui, le plus grand centre de recyclage se trouve à Rümlang (ZH). Ses résultats actuels? Quasiment 100 % pour le recyclage des matériaux issus de la déconstruction et 70 % pour l’assainissement de sites contaminés. De tels centres contribuent de manière déterminante au bouclage des cycles de vie des matériaux.
Toutefois, l’incertitude demeure sur les moyens à mettre en œuvre pour basculer vers des pratiques commerciales circulaires et atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris d’ici 2050. Il est toutefois certain que la renaissance de l’économie circulaire au niveau global de la création de valeur favorisera une consommation moindre des res- sources.
De l’économie circulaire à… l’économie circulaire. Schéma ASGB
LE CADRE DES 10R
Pour évoluer vers l’économie circulaire, le modèle des 10R offre aux entreprises une grille utile de modélisation commerciale afin de prolonger les cycles de vie des produits et d’augmenter la durée d’utilisation des ressources. Les en- treprises disposent d’un support pour s’orienter vers une conception durable de leurs pratiques commerciales. Le modèle des 10R, qui va de R0 (Refuse) à R9 (Recycle), représente hiérarchiquement les différents niveaux de l’économie circulaire et met en évidence le potentiel d’utilisation. En termes de durabilité, des mesures de réutilisation judicieuse des matériaux (R8 et R9) réduisent au maximum l’impact sur l’environnement.
L’allongement de la durée de vie des produits (R3 à R7) permet d’obtenir un effet positif nettement plus important. Une utilisation plus intelligente du produit (R0 à R2) apporte un effet maximal (voir figure 2).
La stratégie en 10R de l’économie circulaire. Schéma établi par nos soins d’après le rapport sur le développement durable 2022 du groupe Schaeffler et Mast, J., von Unruh, F. & Irrek, W. (2022)
ENCOURAGER L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Une enquête représentative réalisée en Suisse révèle que 9 % des entreprises investissent plus de 10 % de leurs investissements totaux dans des activités d’économie circulaire. Au niveau de l’entreprise, des prises de responsabilité se manifestent déjà, notamment dans l’allongement de la durée de vie des produits (R3 à R7) et le recyclage (R8 et R9). L’augmentation de l’efficacité dans la consommation de matériaux, la protection de l’environnement et l’allongement de la durée de vie sont souvent cités comme sources de motivation pour les entreprises. Dans le processus de production, 27 % des entreprises obtiennent des gains d’efficacité dans la consommation de matériaux, tandis que 19 % mettent en œuvre des mesures visant à prolonger la durée de vie de leur infrastructure de production. Une enquête représentative réalisée en Suisse révèle que 9 % des entreprises investissent plus de 10 % de leurs investissements totaux dans des activités d’économie circulaire. Au niveau de l’entreprise, des prises de responsabilité se manifestent déjà, notamment dans l’allongement de la durée de vie des produits (R3 à R7) et le recyclage (R8 et R9). L’augmentation de l’efficacité dans la consommation de matériaux, la protection de l’environnement et l’allongement de la durée de vie sont souvent cités comme sources de motivation pour les entreprises. Dans le processus de production, 27 % des entreprises obtiennent des gains d’efficacité dans la consommation de matériaux, tandis que 19 % mettent en œuvre des mesures visant à prolonger la durée de vie de leur infrastructure de production.
L’un des principaux obstacles au développement d’une économie circulaire, c’est bel et bien la réussite économique du système linéaire actuel.
L’un des principaux obstacles au développement d’une économie circulaire, c’est bel et bien la réussite économique du système linéaire actuel qui néglige les coûts environnementaux et sociaux (coûts externalisés). Les entreprises désireuses de modifier ce système font face à d’importants facteurs d’incertitude. Toutefois, la gestion de cette incertitude fera progresser l’économie circulaire.